lundi 12 mars 2012

Two Against One

Il y a quelques jours sont nés, ou plutôt se sont réveillés, d'un long sommeil, deux personnes enfouies dans l'autre : Tom et Anna. J'ai revêtu la peau d'Anna. Me suis transformée, en une personne qu'est habituellement celle endossant le rôle de Tom.
Poupée parisienne, riche à flots, timide et quelque part maniérée, précieuse au possible et dans l'ombre de son compagnon d'ivresse : Tom, quand à lui, élève des chèvres en Isère.



C'est étrange ce que tu écris là, car quelque part, j'ai vécu une sorte d'exact contraire de ton récent vécu. L'ennui : il est là, tout le temps. Et le temps je le tue. Ou du moins j'aimerais. Mais quelque chose de terrible m'est arrivé : hésiter une semaine durant quant à la nature de mon désir pour lui. Alors, lorsque l'on est au bord d'une concrétisation incertaine, mon esprit est confus. Mes regards fuyants. Ou profonds. Puis mes yeux esquissent un lent changement de direction. Je veux qu'il ressente ce que je sens. Parallèlement je ne veux pas qu'il se fasse des idées. Mon dieu, si je savais ce que je voulais. L'amour et le sexe sont entre nous sujets jamais abordés. Ou ils deviennent tabous et créateurs de silences pesants. Des heures allongés l'un à côté de l'autre, des discussions passionnantes, des questions intérieures, constantes. A t-il envie de moi ? Mais surtout celle-ci :

Ai-je au moins envie de lui !

Après, je me suis dit que non. Mais c'était déjà trop tard, bien trop tard pour ne rien faire, car les choses étaient déjà faites. Je n'ai rien aimé. Du corps à l'esprit. Cela m'a rendue triste. Pour preuve, les choses faites, j'avais envie de pleurer. Pire, un instant j'ai pensé à l'abstinence pour une quinzaine de mois. Comme si était immuablement gravée cette amitié légèrement, trop légèrement ambigüe, sur le mur qui malgré tout nous sépare. Je sais que je ne tiendrai pas. De toute façon en ai-je encore l'envie. L'élégance m'a envahie : je la recherche partout, même dans les gestes bestiaux d'un acte comme celui-ci. Il n'y avait pas de mots, aucun de venait. Et tout à la fin, silencieux de malaise, sommairement rhabillés, cigarettes sur un lit défait, la seule conclusion nous venant à l'esprit fût celle-ci : "De toute façon ce n'était pas nous. C'était Tom et Anna."

"Clairement"

a t-il répondu.